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Editorial : Sorties d’hivernage catastrophiques…

Depuis plusieurs semaines, dans certains ruchers, sont constatées des pertes importantes de colonies, le taux de mortalité observé avoisinant parfois les 100 %. Des apiculteurs, parmi lesquels des gens expérimentés et réputés pour leurs compétences professionnelles, ont perdu quasiment tout leur cheptel. Difficile encore une fois de se prononcer sur les causes de ces désastres. D’aucuns accusent un peu vite l’omniprésent Varroa destructor, mais trop souvent sur le plan épidémiologique cela ne tient pas. La plupart de ces signalements sont à l’étude : visites, prélèvements, analyses, etc. Mais dispose-t-on d’un « outil de diagnostic » pertinent ? Certainement pas ! L’environnement de nos abeilles (et le nôtre) étant contaminé par tant de xénobiotiques qu’il est difficile de les inclure en totalité dans des analyses multirésidus, lesquelles manquent d’ailleurs de sensibilité.

Un article de cette revue donne un aperçu du niveau de contamination des matrices apicoles. En matière de sublétalité, il a été prouvé scientifiquement que des insectes soumis à un temps d’exposition très prolongé à d’infimes doses de xénobiotiques étaient gravement impactés (1). Les abeilles d’hiver, à vie longue, sont semble-t-il dans une situation très risquée dès lors que leur environnement immédiat (aliments et substrats de la ruche) est contaminé. Avec ces nouveaux travaux scientifiques, la notion de DL 50 n’a donc absolument plus de sens pour interpréter les résultats des analyses, et pourtant…

Une relativement bonne nouvelle…

Un grand pas en avant, contre l’avis du gouvernement, notre Assemblée Nationale a voté le 19 mars (en première lecture) l’interdiction de tous les néonicotinoïdes à partir du 1er janvier 2016. Mais ce texte (voir encadré p.?76) va devoir être soumis au Sénat qui, le 4 février, avait rejeté le moratoire sur les néonicotinoïdes à une très forte majorité (contre).

En tout cas grand merci Mesdames et Messieurs les députés.

(1) – Delayed and time-cumulative toxicity of imidacloprid in bees, ants and termites. Gary Rondeau, Francisco Sanchez-Bayo, Henk A. Tennekes, Axel Decourtye, Ricardo Ramirez-Romero & Nicolas Desneux. SCIENTIFIC REPORTS (Juillet 2014) | 4 : 5566 | DOI: 10.1038/srep05566.

Jean-Marie Barbançon,
Président de la FNOSAD