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Editorial : Interrogations sur la qualité de vie en 2007

Un autre élément pouvant troubler l’équilibre environnemental, avec des incidences insoupçonnées à ce jour, ce sont les cultures OGM. OGM désigne tout organisme ayant subi une modification dirigée par l’homme de son génome pour lui donner de nouvelles propriétés. Les PGM sont les plantes génétiquement modifiées.

Les OGM ont-ils une action perturbatrice sur la santé humaine, animale ou celle de nos abeilles ? C’est la question fondamentale que se pose notre société civile, relayée en cela par les médias, soucieuse d’obtenir des informations fiables.

Automne 2006 : la contamination du riz américain par du riz OGM dont la culture n’était autorisée dans aucun pays du monde, provoquait des réactions vigoureuses citoyennes, en Europe.

Mars 2007 : sur la 3e chaîne, le Professeur G. E. Séralini, de la commission du génie biomoléculaire, révélait que le maïs MON 863, (Mon = Monsanto), autorisé par le ministre de l’environnement en cultures plein champ, provoquait des altérations graves sur les animaux nourris en laboratoire et réclamait la publication des travaux scientifiques officiels ayant permis cette commercialisation.

Autre interrogation. Le pollen du Maïs BT (Bacillus thurigiensis) qui produit une toxine a-t-il une action sur la santé de nos abeilles ? Des études scientifiques récentes (2006) précisaient que cet insecticide n’avait pas d’influence sur le développement ni sur le comportement des abeilles. à l’inverse, une autre étude universitaire d’Allemagne (Jena) révèle que des abeilles nourries avec du pollen Bt ont subi une attaque de microsporidies (lire notre article sur la nosémose) avec pour conséquence une mortalité plus élevée des abeilles et un élevage de couvain réduit par rapport aux ruches témoins nourris avec du pollen normal. Cette étude montre une interaction de la toxine Bt et des microsporidies sur les cellules de la paroi intestinale des abeilles.

Des interrogations. Dans les biotechnologies, le secret industriel est un obstacle à la transparence aux sujets de santé publique. Cela est-il acceptable ? En Allemagne, la Cour de Justice de Munster a refusé ce principe et obligé Monsanto à rendre public son rapport confidentiel. Pourquoi pas en France ?

La rétention d’information provoque un climat délétère. Les scientifiques des différentes associations de qualité environnementale devraient avoir accès aux publications des travaux officiels ayant permis une commercialisation d’une culture ou d’un produit et pouvoir participer aux travaux de biovigilance, c’est-à-dire suivre les réactions de l’organisme à un produit ou à une culture donnée.

Dans ce débat, la Suisse a pris un moratoire de 5 ans pour les cultures plein champ. Plusieurs pays de l’Europe refusent pour l’instant ces pratiques. N’est-il pas temps pour l’Europe de prendre le temps de la réflexion sur les effets des cultures PGM, sur une utilisation abusive des produits phytopharmaceutiques et leurs conséquences sur nos vies, sur nos éléments vitaux premiers, air, eau, sol ?

L'ensemble de ces éléments ne constitue-t-il pas une des causes premières de la fragilisation de la santé de nos abeilles depuis 15 ans ?

Nos amis des Papillons nous signalent leur disparition ou leur raréfaction, en nos campagnes. Pour eux, ceci serait dû à une mélancolie phytopharmaceutique.

Puisque le moment est à la qualité environnementale, œuvrons tous ensemble pour améliorer la santé de nos abeilles.

Michel Le Béchec, Président F.N.O.S.A.D.