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Le dernier qui a “parlé” a-t-il vraiment raison ?

Si nous faisons le point, en ce moment de la saison apicole, il y a bien sûr du bon et de l’inquiétant, voire du « catastrophique ».

À l’actif du « bon » : la fausse alerte à propos de la suspicion d’infestation par le petit coléoptère de la ruche Aethina tumida. Alerte déclenchée suite aux contrôles d’un lot de reines en provenance d’Argentine. L’inspection réglementaire et normalisée des cages qui contenaient ces reines a permis de découvrir la présence d’œufs d’insectes suspects. Après étude, le risque d’introduction de l’intrus sur le sol national est qualifié par les autorités sanitaires de « nul à quasi nul ». Cependant par précaution les colonies dans lesquelles les reines argentines – à l’origine de la suspicion – ont été introduites vont être dûment contrôlées. On peut se satisfaire du fait que ce qui devait être réalisé à chaque étape a bien été effectué…

Toujours à l’actif du « bon » : nombre de collègues ont observé une sortie d’hivernage satisfaisante et s’en réjouissent. Pourtant il est vrai que les conditions de préparation de l’hivernage étaient bien loin de l’idéal. La sécheresse d’arrière-saison, entre autres, ayant causé des carences en pollen, lesquelles on le sait, sont préjudiciables à l’obtention d’abeilles hivernantes bien constituées et donc longétives.

Mais hélas, le bilan de sortie d’hivernage a tout de même de quoi nous inquiéter à plus d’un titre. Trop de collègues relèvent des pertes conséquentes atteignant quelques fois les 80 % du cheptel. Alors évidemment cela implique la recherche du pourquoi ? Expliquer, comprendre… et alors on déroule la litanie des causes. Et là chacun, qu’il soit touché ou pas, y va de la sienne et va même jusqu’à prioriser telle ou telle cause. Tout y passe… Mais le record absolu des causes est sans nul doute attribué au dernier qui a « parlé », celui dont les effets sont les plus faciles à identifier, j’ai nommé : Varroa destructor. Nombre de cas de pertes déclarés (non – non ! Ils ne le sont pas tous, cherchez où est l’erreur !) et suivis dans un système ou un autre (OMAA, etc.) sont « emballés » avec l’étiquette « varroose » et point ! Pourtant tout cela conduit à des interrogations. Par exemple : un taux de pertes de 80 % ne correspond pas à la morbidité1 de la varroose non traitée.

Puisqu’il est question de traitements, autre problème : inefficacité constatée de traitements acaricides AMM, cas limités heureusement, mais qui appellent à la plus grande des vigilances.

Sinon, sans vouloir non plus tout mettre « sur le dos » des pesticides, les plans de surveillance des miels de 2014 et 2015 ont révélé que près de 20 % des miels de bouche analysés contenaient des résidus de néonicotinoïdes à des quantités bien en dessous des LMR (mises en place pour la protection du consommateur) certes, mais à des niveaux de sublétalité pour les abeilles qui s’en nourrissent. Certains de ces nicotinoïdes ont également été retrouvés dans des pollens de cadre lors de la dernière enquête épidémiologique (RésAbeille). Voilà qui interroge !

Alors, justement, au point où nous en sommes, posons-nous les bonnes questions et ce, en essayant de garder la tête froide, en s’imprégnant de beaucoup de modestie afin de ne pas être péremptoire. Faisons tout notre possible, chacun à notre niveau, pour sortir l’abeille et l’apiculture de cet enlisement mortifère.

Il faut travailler, tous ensemble, pour que l’identification des causes puisse aboutir.

Pour l’instant, sur ce point, nous ne sommes pas bons ! Pour chacune des causes envisageables de ces pertes il y a sans doute des solutions d’amélioration à appliquer, des combats à continuer de mener.

Dans ce numéro de La Santé de l’Abeille que vous allez découvrir, nombre de pages sont consacrées à Varroa destructor. La saison avance vite et bientôt viendra le moment de la lutte contre ce parasite, alors traitez bien ! Avec des moyens à l’efficacité reconnue et en les appliquant dès que possible après la dernière récolte. Pensez et faites converger vos efforts à la constitution correcte des abeilles d’hiver. N’oubliez pas de contrôler l’efficacité de vos traitements…

Bon courage à tous, car il en faut !

1 – Nombre d’individus atteints par une maladie dans une population donnée et pendant une période déterminée (définition du dictionnaire Larousse.

Jean-Marie Barbançon, Président de la FNOSAD-LSA