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Editorial : Paroles

L’agriculture était au cœur des débats au Grenelle de l’environnement, fin 2007.

Petit bilan, grandes paroles et fausses joies ? Lutter contre le réchauffement climatique, préserver la biodiversité et réduire les pollutions, un triple objectif, comme l’a souligné le ministre Michel Barnier, ce qui le place en réalité devant un slalom bien difficile et aux pièges multiples.

Biodiversité et agriculture biologique. L’agriculture contribuera à la préservation de la biodiversité par le lancement d’une politique nationale de réhabilitation des sols agricoles et de développement de la biodiversité domestique, cultivée et naturelle, dans les exploitations. Question : combien d’agriculteurs sont prêts à emboîter le pas ?

Tripler les surfaces d’agriculture cultivées en biologique d’ici 2012. A combien de km2 s’élèvent les surfaces bio actuelles ? L’équation reste posée. Si la préservation de l’environnement n’est plus à démontrer, comment accepter que l’on autorise l’usage de pesticides de plus en plus agressifs envers les pollinisateurs et incompatible avec ce type de culture, ceci malgré les nombreuses réserves émises à propos du Thiametoxam (Cruiser).

Les OGM ? Le Grenelle de l’environnement préconise le renforcement des connaissances et de la recherche publique sur les OGM et les biotechnologies, la mise en place d’une haute autorité sur les biotechnologies et l’adoption d’une loi sur celles-ci. Jusqu’à l’entrée en vigueur de cette loi, il a été décidé de suspendre la commercialisation et l’utilisation du maïs OGM Monsanto 810. Voilà le discours du ministre de l’agriculture et de la pêche prononcé le 26 octobre dernier dans la Haute Vallée de la Bruche (Bas-Rhin). Six pays européens ont choisi d’activer « la clause de sauvegarde » sur les OGM dont la France.

Faits scientifiques nouveaux. Le comité de préfiguration d’une Haute Autorité sur les OGM a présenté le 9 janvier 2008, ses conclusions sur le maïs Mon810. Les éléments scientifiques nouveaux font douter de l’innocuité de ce maïs à travers la dispersion du pollen sur de grandes distances, la résistance chez deux lépidoptères, et les effets possibles sur la faune et la flore. Ce même comité a souligné la nécessité d’études complémentaires. Alors que les Etats-Unis, par la voix de la représentante américaine au commerce « Susan Schwab », s’annoncent très inquiets d’une décision, qui, somme toute est Européenne, pensant qu’il y a un risque de mesures de rétorsion. Le développement d’une agriculture durable est une exigence nouvelle, mais c’est aussi un choix éthique. La fable paysanne du « tout pesticide » fait lentement, « trop lentement », marche arrière. L’apiculture, le plus utile et le plus beau des métiers agricoles, n’a que trop souffert de l’ignorance des manipulateurs de l’agrochimie.

François Tabak, Co-Président de la FNOSAD