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Editorial : Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d’abeilles…

Colloque AFSSA du 17 juin 2009 - Siège de l’AFSSA - Maisons-Alfort

Qui de plus concernés par ces questions que les apiculteurs ? Notamment ceux d’entre eux qui animent les organisations sanitaires apicoles. Nous y étions.

Dans son discours d’accueil, Madame Pascale Briand, Directrice générale de l’Afssa, explique que le but de cette journée est de restaurer la confiance entre les divers acteurs intéressés par l’abeille, elle souhaite que ces derniers se mettent autour d’une table pour améliorer la situation sanitaire des abeilles. Belles résolutions. Restaurer la confiance ? Aurait-elle été abîmée ? Perdue ? Puisqu’il s’agit de la restaurer.

Suit une brillante intervention du Député Martial Saddier au sujet de son rapport : le sujet est parfaitement maîtrisé, sans emploi de la « langue de bois ».

Autres interventions dont deux retiennent toute notre attention car elles traitent de la causalité des troubles apicoles et de son approche par des études épidémiologiques. Les responsables principaux des troubles sont désignés : Varroa et la « gestion apicole ». La piste des pesticides en tant que cause éventuelle des troubles est, quant à elle, magistralement rejetée par les intervenants qui s’accordent malgré tout à reconnaître que des résidus de pesticides ont bien été retrouvés dans quasi toutes les matrices apicoles et que l’on assiste à une multicontamination des prélèvements analysés, pour preuve un tableau des résultats d’analyses est affiché. Le recours pratique à la « moyennisation » des résultats permet pratiquement de n’avoir plus que des « traces ». Et puis : « la SCIENCE ne permet pas pour le moment de corréler la présence de tous ces pesticides avec les troubles dont souffrent les abeilles ». Donc les pesticides ne sont pas en cause… D’ailleurs la Lune existait-elle avant que la Science et les techniques aient permis de fouler son sol ? Bien sûr les pesticides potentiellement employés en apiculture (coumaphos et tau-fluvalinate) sont montrés du doigt et encadrés dans le tableau des résultats d’analyses. Pour le tau-fluvalinate, bizarre : les concentrations observées dans les pollens de trappe sont supérieures à celles que l’on retrouve dans le miel. S’agit-il vraiment d’un contaminant d’origine exclusivement apicole ? Il y a lieu de penser que non ; ce point aurait-il échappé à l’intervenant ?

On apprend également que, pour une de ces études, seules les mortalités étaient envisagées car « l’outil mis au point », dixit l’intervenant, n’était pas conçu pour étudier les « affaiblissements ». Dommage tout de même…

Surprise avec la dernière diapositive d’une de ces présentations : on y voit deux abeilles sauvages, dans son commentaire l’intervenant s’apitoie sur leur sort car elles disparaissent, elles aussi. Jusqu’ici il était question d’Apis mellifera victime principalement de Varroa et de la « gestion apicole ». Les abeilles sauvages seraient-elles atteintes par Varroa ? Ou par les mauvaises pratiques apicoles ? Le lecteur jugera…

Et puis, Monsieur le Professeur, il y a tout juste 4 jours j’étais au chevet de certaines de mes colonies victimes d’une intoxication…
Difficile de communier et d’avoir la foi…

Jean-Marie Barbançon, Président de la FNOSAD